mardi 16 février 2016

Tunisie: Viser les 5 % de croissance d'ici 2020

 Tunisie: Viser les 5 % de croissance d'ici 2020


 
Cinq ans après les révolutions arabes, la Tunisie semble être le seul pays qui s'engage sur le chemin de la démocratie. Cette exception engendre des sentiments de fierté et d'inquiétude considérables.
L'année dernière, nous avons subi trois attaques terroristes horribles : la plus récente, au cœur de la capitale, a entraîné la mort de 12 membres de la garde présidentielle. Préserver la sécurité de nos citoyens et de nos touristes est notre priorité absolue.

Des années d'instabilité ont également ravagé notre économie. Les troubles à Kasserine - provoqués par la mort de Ridha Yahyaoui, un jeune homme qui a été électrocuté en protestant contre son exclusion d'une liste des emplois du gouvernement - confirment que  nous avons besoin de nous attaquer aux conditions qui mènent nos jeunes au désespoir.

Un Tunisien sur six vit sous le seuil de pauvreté et le chômage frôle les 29 % chez les diplômés de l'enseignement supérieur. Dans un pays où les trois quarts du chômage touchent les jeunes entre 15 et 30 ans, l'ascension dans l'échelle sociale est essentielle pour réduire notre vulnérabilité.

Progrès stable sur les réformes les plus importantes

L'année dernière, la coalition gouvernementale s'est concentrée sur les réformes économiques. Le Parlement a récemment voté une nouvelle loi qui facilite le partenariat entre le public et le privé. Pour booster l'investissement, le gouvernement a présenté un nouveau code simplifiant le cadre d'investissement et permettant d'offrir de nouvelles opportunités au développement des incubateurs industriels. Ceci permettra de faire la promotion des secteurs à valeur ajoutée comme les technologies de l'information et l'aérospatial et de faciliter la transition du secteur informel au formel.

 Le programme de réforme économique dégagera environ 2 milliards de dollars pour le budget de l'État sur les cinq prochaines années.

Des progrès ont également été réalisés en réformant le système de subventions dans le secteur énergétique et en trouvant un meilleur équilibre entre considérations fiscales et équité, sans augmenter les tensions sociales. Les subventions à l'énergie qui ont culminé ces dernières années, devraient décliner d'environ 400 millions de dollars en 2015 à approximativement 270 millions de dollars en 2016.

Le gouvernement intensifie ses efforts afin de réorganiser le cadre réglementaire, en adoptant une législation pérenne afin de booster l'investissement et en lançant des réformes sur le marché du travail. Cela permettra d'améliorer l'employabilité des chômeurs diplômés par une formation supplémentaire et de reconnecter les jeunes chômeurs, particulièrement ceux de longue durée, avec des entreprises.

En parallèle, un programme d'entreprenariat a été introduit pour faciliter le lancement de start-up en coopération avec les institutions financières. Ceci fortifiera l'écosystème d'entreprises et stimulera l'esprit d'entreprise chez la jeunesse.

Aussi, la Tunisie travail en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de réduire le déficit budgétaire pour répondre aux critères des réformes, particulièrement pour réformer le système bancaire et rendre l'économie plus productive. Les critères de performance quantitative mentionnés dans le programme appuyé par le FMI ont été respectés. Malgré la difficulté de l'environnement économique international, la Tunisie a maintenu avec succès sa stabilité macroéconomique.

Après le succès du programme du FMI "Stand-By", nous avons commencé à discuter d'un nouveau programme d'accès élargi au financement pour les quatre prochaines années.

Pour assurer que ces réformes n'augmentent pas le taux de pauvreté à court terme, la Tunisie accroîtra sa dépense publique. Le dernier mois, nous avons mis 440 millions de dollars dans les banques publiques ("Société Tunisienne de Banque" et "Banque de l'Habitat") pour stimuler leur restructuration. Le gouvernement travaille aussi avec le FMI et d'autres partenaires afin de fournir l'aide technologique et renforcer les capacités dans le secteur public.

 Une nouvelle loi dans le secteur bancaire est actuellement en cours d'élaboration. Elle fera de la Banque Centrale une banque indépendante du gouvernement.

Le plan quinquennal 2016-2020

Nous nous inspirons de ce même esprit qui a uni les Tunisiens pour façonner notre modèle unique de politique consensuelle, pour travailler autour de nos réformes structurelles. Le gouvernement tunisien, en collaboration avec les dirigeants politiques, la société civile et les organisations professionnelles, est en train de développer un plan quinquennal qui sera mis en oeuvre à partir de cette année.

Notre succès dépendra de l'amélioration du climat des affaires ainsi que du progrès des réalisations sur le plan des réformes structurelles, en particulier celles relatives à la modernisation de l'administration, la révision du système d'approvisionnement, la promulgation d'un nouveau code d'investissement et la mise en œuvre de réformes fiscales et douanières. Les réformes permettront une reprise progressive et une consolidation de l'activité économique pour les deux prochaines années, avant un décollage en 2018.

Viser haut: 5% d'augmentation pour 2020

La Tunisie prévoit une croissance de 2,5% en 2016 et de 5% en 2020. Ceci est un objectif ambitieux - mais avec notre démographie, notre potentiel et nos défis, c'est un objectif nécessaire pour notre futur. La Tunisie a la capacité de faire aboutir ces réformes et de croître vers le niveau prévu mais nous avons besoin du soutien international - une augmentation de l'assistance des pays du G8. Nous avons besoin de 25 milliards de dollars pour les cinq prochaines années, afin de financer les projets d'infrastructure comme les routes, les ponts et autres ouvrages publics, en particulier dans les régions auparavant négligées. Cette aide va créer des emplois et stimuler l'activité économique.

Nous sommes heureux de constater que le sénat des États-Unis a voté pour rétablir le programme d'aide à la Tunisie et augmenter l'allocation au-delà de ce qui était demandé par l'administration américaine. L'aide américaine à la Tunisie et à d'autres économies est nécessaire pour montrer à nos jeunes que la démocratie, et non pas la dictature ni l'extrémisme, est la solution à long terme pour la construction d'un avenir meilleur.

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